mardi 25 août 2020

A mon institutrice


 Ma Chère « Lili » je t’écris les raisons de ma colère
Le roman de John Steinbeck « les raisins de la colère » trouve une résonnance particulière 80 ans plus tard dans un nouveau  monde que nous n’imaginions pas. Et pourtant, nos raisons sont si nombreuses pour nous faire basculer dans une forte exaspération, et nous projeter dans une bien triste pensée.
En évoquant mon bref souvenir, je voulais remercier les institutrices et instituteurs de ma jeunesse perdue. Aujourd’hui professeurs des écoles, elles et ils, resteront toujours les phares d’une profession bien nommée institution. Respect et soutien.
Quand j’étais  à l’école primaire jadis, il y a déjà 58 ans, l’institutrice de mon village tenait son rôle sociétal et éducatif avec le respect de tous. Nous étions pêle-mêle, petits et grands dans cette école unique qui amusait nos différences d’âges. Je me souviens encore de cette dame qui me semblait si vieille à l’époque tant, j’étais jeune et insouciant. Sa voie était ronde comme sa silhouette, son accent rude et troublant comme le maquis de ma région. Cette salle de classe surannée improvisée dans un presbytère, ou nous apprenions quelques fables à l’encre de nos plumes. Cette odeur particulière ou se mélangent les senteurs de craie et de livres scolaires. J’y suis retourné l’année dernière, j’avais la nostalgie indicible de revoir ce lieu ou l’apprentissage du calcul fut pour moi ma première épreuve .Il ne subsiste que deux bureaux d’écolier que l’on occupait par paire dans un silence religieux. Deux encriers enchâssés dans le bois, que mon camarade redoutait d’utiliser car il était gaucher et forcément contrarié par leur positionnement. Ils étaient toujours la, desséchés par notre si longue période d’absence sans retour. J’ai cherché longtemps un graffiti coupable, une initiale gravée, une déclaration de tendresse puérile, un témoignage de ma fébrile jeunesse étudiante. Rien, plus que ces bancs presque immaculés ou ne subsistent que quelques pelures de crayons mal taillés. Ils sont les vestiges de mon passé d’élève, et garderont mes secrets d’une scolarité peu studieuse. J’ai revu la maitresse des années plus tard, elle se souvenait de moi et de mes caprices, elle trouvait les mots malicieux pour me rappeler que j’étais fâché avec quelques enseignements de base : «  Alors mon petit, tu les connais tes tables de multiplication ? ». J’ai souri pour lui dire que j’avais finalement appris et trouvé leur utilité. Les gens du  village l’appelaient « Lili » ce petit diminutif d’un prénom que je n’ai jamais su. Ses yeux ronds et bleus comme des prunelles que grossissait une paire de lunettes aux verres tout aussi ronds. Elle n’est plus « Lili », elle aurait un âge sans fin. Bien des années plus tard, en écoutant une chaîne télévisée j’entendis des personnages parler des professeurs et des instituteurs avec une attention bien différente. Ils y allaient tour à tour de leurs qualificatifs pour définir l’âme de cette profession. Ce n’est pas des compliments, mais des reproches d’une virulente obscénité. Tantôt fainéants, tantôt bien trop rémunérés pour si peu de travail, profiteurs et nantis, jamais contents, toujours enclins à la grève…. Se souviennent-ils d’une « Lili », ou d’une toute autre institutrice qui façonna leur enfance ? Ont-ils tant souffert sur des bancs d’école pour exprimer tant de haine bileuse ?
Merci    

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